Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

songes : puis les portes se refermèrent sur ces merveilles sans que l’oubli pût se faire de leur passage à travers les rues de la petite ville.

On commentait fort l’attitude de cette retraite où nul ne fut admis à pénétrer : aussi la venue d’Hermotime produisit-elle quelque étonnement d’un privilégié, à ce point en familiarité avec la réserve de ce hautain jeune homme qui au verre de miraculeux cristal où il buvait, disait-on, assis seul devant sa table étincelante, semblait avoir bu, à jamais, avec le silence, un de ces philtres qui désapparient, pour toujours, quelqu’un d’avec ses semblables et ne le rendent plus conforme qu’à soi-même.

Cette situation d’avoir confisqué ainsi pour son usage ce qui sert, d’habitude, de prétexte à ostentation, concordait avec cette retraite d’un homme seul dans un lieu dont la disposition et l’architecture semblaient comporter l’entourage d’une sorte de popularité choisie — domestique ou amicale.

Les curieux se désappointaient de voir les habitudes du fantasque maître si contraires, non seulement à leur curiosité, mais encore à l’état qu’eussent paru lui devoir imposer les appa-