Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/198

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guéridon de jade. Dans une vaste galerie des mosaïques sonnèrent sous mes pas. Entre des entrelacs de fruits, de fleurs et de coquilles, on voyait des figures et des emblèmes ; un zodiaque y cabrait son sagittaire et y rampait son scorpion. Enfin une porte s’ouvrit et j’entrai.

C’était la chambre du duc. Il gisait sur son lit ; au chevet se consumaient deux cierges. Je l’aurais reconnu, tel qu’autrefois mais comme rapetissé. Ses cheveux blancs semblaient plus ras et la face plus glabre. La chair humaine restait statuaire dans ce dur visage marmorisé. Il se roidissait dans une sorte de sculpture mortuaire et sèche. Hans m’embrassa ; je le trouvai qui, tout en causant, allait et venait, ouvrant un meuble, entrebâillant un tiroir, y froissant des papiers et des bijoux ; enfin, d’une petite cassette d’or émaillé, il tira une large enveloppe scellée et en rompit la cire vivement. Le silence était profond. Je regardais dans la serrure du coffret la petite clef à laquelle en oscillaient d’autres en trousseau. Hans s’assit et me fit signe de l’imiter ; du temps passa ; et lorsqu’il me tendit le papier voici ce que j’y lus à mon tour :