Page:Régnier - La Canne de jaspe, 1897.djvu/227

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gnait de lui parler et, fière, elle n’interrogeait pas ceux qui passaient devant sa chaumière, à l’écart entre deux vieux ormes dont ses moutons en s’y frottant, usaient l’écorce en collier. D’ailleurs elle ne regrettait pas d’être telle puisqu’elle aimait et quoiqu’elle eût voulu se pouvoir acheter quelque robe neuve pour l’occasion de sa noce approchante, mais elle s’en consolait en pensant que son ami ne lui marqua jamais que lui déplussent sa cape de laine et sa coiffe de toile.

A l’aube, une fanfare de cors réveilla la forêt et quatre bannières, déployées en même temps, au sommet des quatre tours d’angle du manoir, ondulèrent au vent matinal. Une rumeur de fête emplissait la vaste demeure. Les couloirs bourdonnaient ; dans la cour, piaffaient les chevaux, les uns couverts de housses chamarrées, les autres portant des selles compliquées, les plus forts enjuponnés de mailles d’acier et tous ayant, au frontail, chacun, l’atour d’une belle rose. Dans un coin quelques musiciens, vêtus de souquenilles jaunes, debout et le dos à la muraille, s’exerçaient, d’avance et doucement, à des préludes de flûte.