Page:Régnier - La Cité des eaux, 15e éd.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sur la lande déserte où danse un bouc cornu
Ou dans le verger clair où chante une colombe
Tandis que l’heure, hélas ! marque d’un fruit qui tombe
Son invisible fuite et son muet retour ;
Vous qui êtes la Mort, vous qui êtes l’Amour
Ô flamboyantes, ô légères, ô glacées,
En vous voyant marcher dans mon âme, Pensées
Qui descendez en moi les pentes de l’oubli,
Pour que vous les miriez en son lac d’or pâli
J’ai fait à vos sept fronts à jamais sept couronnes
Avec des fleurs d’été, avec des fleurs d’automne,
Avec l’algue du fleuve et l’algue de la mer
Et des feuillages durs immortellement verts
Et des feuilles de lierre et des feuilles d’orties,
Avec des cailloux noirs et des gemmes polies ;
Et, pour qu’en ma mémoire il se revive encor,
J’ai couronné en vous mon Rêve sept fois mort.