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LES ROSEAUX DE LA FLUTE

Et, le soir, il s’assoit aux portes des potiers,
Longuement, il les voit pétrir et manier
L’argile funéraire et cuire l’urne molle
Et bientôt — préparez le bûcher et l’obole ! —
Sa vie ira dormir aux flancs creux que façonne
La main industrieuse à la glaise, et l’automne
Fera ramper son lierre au cippe et l’été d’or
Fendra l’argile rouge où cette cendre dort ;
Et toi qui passeras à l’ombre des cyprès,
Arrête-toi, écoute et t’approche tout près,
Et l’urne s’emplira, sonore à ton oreille,
Comme d’un bruit lointain de feuilles et d’abeilles.