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LES CORBEILLES


Tresse l’osier au saule et le brin à la branche ;
Écoute l’eau qui fuit où le Temps s’est miré
Et fixe l’anse verte à la corbeille blanche.

C’est le soir. L’ombre est douce au sommeil étiré
De celui qui s’endort paisible dans la joie
D’avoir vécu son jour et d’avoir espéré.

Avec l’osier flexible et le saule qui ploie
Il a fait en chantant de l’aurore à la nuit
Une corbeille ronde où les Heures qu’envoie

L’insatiable Hier au-devant d’Aujourd’hui,
Une à une, pieds nus dans l’herbe qui les frôle,
Apporteront les fleurs qu’elles cueillent pour lui.

L’osier rit dans le vent où s’argente le saule
Et les Heures sont là qui, la main dans la main,
Le regardent dormir, épaule contre épaule.