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LES JEUX RUSTIQUES ET DIVINS


Les fleurs que tu cueillis, pétale par pétale,
S’effeuilleront alors au thyrse dévasté,
Et la pluie et la brume autour de ta chair pâle,

Haletante au vent dur qui gerce ta beauté,
Tisseront lentement leurs voiles où frissonne
Le spectre de ta joie et de ta nudité.

Toi qui fus le Printemps que l’Été d’or couronne,
Tu n’es qu’une ombre errante écoutant, à travers
Les arbres nus, hennir au Temps qui les talonne

L’âpre déferlement des chevaux de la Mer.