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ARÉTHUSE


LA SAGESSE DE L’AMOUR


 
Avant d’être de ceux qui marchent vers la Nuit,
toi qui fus l’enfant que sa jeunesse a fui
Et qui, grave, t’assieds déjà, debout hier,
Écoute encor, avant les fifres de l’Hiver,
Les flûtes de l’Été qui chantent dans l’Automne ;
L’heure tendre là-bas embrasse l’heure bonne,
Et, quand le chant se tait, au loin, tu peux entendre
Ce que le bel Août dit au calme Septembre
Et ce que dit ta joie à ta mélancolie.
Le fruit qui va mûrir avec sa branche plie ;
C’est de la brise, hélas ! que sort le vent farouche,
Mais la brise et le vent s’endorment bouche à bouche
Aujourd’hui et le bois est vert et le soir tombe,
Et les flûtes dans l’ombre appellent les colombes,
Et l’Été chante encor aux lèvres de l’Automne ;
Le jour sera meilleur si l’aurore fut bonne ;
Le soir est plus charmant lorsque l’âme est plus douce ;
Le sourire fait une rose de la bouche ;