Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
LA DOUBLE MAÎTRESSE

laire dans la mémoire de François de Portebize. Il ne connut pas ce visiteur familier qui ne vient qu’à certains jours et se présente le plus souvent sous un aspect bonasse et débonnaire, qui d’abord s’intéresse aux jeux et plus tard aux fredaines, ne vous gronde guère et vous morigène tout au plus, vous tapote la joue et vous pince l’oreille et vous laisse le souvenir de sa vieillesse lié bizarrement à celui de votre jeune âge.

François, cependant, se souvenait assez bien d’avoir entendu nommer parfois M. de Galandot, mais il n’en savait rien de plus. M. et Mme  de Portebize parlaient peu devant leur fils qui d’ailleurs se trouvait assez rarement en leur compagnie. On ne s’occupa de lui qu’indirectement et par le choix qu’on faisait des gens destinés à sa garde et des personnes chargées de son éducation. Le collège survint. Il ne parut guère plus souvent au parloir qu’il ne venait au salon. Aussi ne regretta-t-il point la maison paternelle. Elle était vaste et déserte avec un carrosse toujours attelé dans la cour, car M. et Mme  de Portebize partaient courir la ville à toute heure de nuit et de jour. Les congés qu’il passait là ne le divertissaient guère ; il s’ennuyait et, le soir, il avait peur dans sa chambre ; aussi retournait-il sans regret au dortoir, au pupitre et à la férule.

De ces séjours en famille il ne se rappelait pas avoir vu jamais, parmi les cadres où figuraient sa mère en déesse, la draperie à l’épaule et le sein nu, et son père, un cornet de dés à la main, aucun portrait qui représentât M. de Galandot et où il eût