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LA DOUBLE MAÎTRESSE

tesse commença à prendre sur son mari un ascendant qu’elle ne perdit jamais et dont le premier usage fut de pousser le débonnaire Galandot à refuser assez sèchement au vieux Mausseuil certains avantages qu’il s’était fait consentir et dont il se vit débouter.

Le hargneux gentilhomme se rebiffa ; mais sa fille prit prétexte de ses récriminations pour rompre net avec lui et, par la même occasion, avec sa sœur Armande qui passa sa rage sur sa belle-sœur, dès qu’Hubert de Mausseuil se fut marié à son tour, aussitôt leur père mort d’une goutte remontée et de la colère que lui causa le procédé de sa fille et de son gendre, sourds à ses doléances furieuses.

Mme de Galandot ne le pleura guère, toute au travail de s’assurer une fois pour toutes son mari qui se prêtait, d’ailleurs, de bonne grâce à une servitude pour laquelle il était naturellement fait. L’admiration où il tenait le caractère de sa femme s’accordait avec l’amour qu’il ressentait pour sa beauté. Aussi Mme Jacqueline régna-t-elle sans conteste à Pont-aux-Belles, non seulement sur l’esprit de son époux, mais encore sur toutes choses et sur tout le monde.

Si sa conduite était habile, son administration était excellente, à la fois hardie et avisée, prudente et ferme. Le château fut reconstruit. On jeta bas l’ancienne bâtisse et sur la place s’éleva la nouvelle demeure. L’architecture en fut simple et solide. Mme de Galandot veilla à tout, avec grand soin de laisser au comte l’idée qu’il était