Page:Régnier Double maîtresse 1900.djvu/349

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et de bijoux dont elle prétendait ressentir un désir immédiat ; celles d’Angiolino s’autorisaient d’affaires fort confuses dont il étourdissait M. de Galandot. Des sommes considérables y entrèrent sans que le bon seigneur entendît plus parler des belles entreprises dont Angiolino lui avait corné les oreilles, non plus qu’on ne voyait jamais paraître les étoffes et les bijoux pour lesquels Olympia prétendait mourir d’envie.

Peu à peu, elle avait repris ses habitudes ordinaires de gourmandise et de négligé. Sûre de la beauté de son corps, elle se préoccupait assez peu de l’orner, comme si la nature y avait suffisamment pourvu en le faisant souple et robuste et propre aux jeux du plaisir. Elle savait que celui que les hommes estiment le plus est celui qu’on prend aussi bien sur une paillasse que sur un lit somptueux et qui n’est pas moindre dans un grenier que dans un boudoir, à la lueur d’une chandelle fumeuse qu’à la clarté d’un lustre étincelant. Elle savait qu’en ce point la fraîcheur de sa peau, la fermeté de sa chair et l’agilité voluptueuse de ses mouvements la dispensaient de tous les artifices où ont recours celles qui ne possèdent pas cet avantage naturel et qui dispense de tout.

Aussi bientôt se remit-elle à l’aise avec M. de Galandot. Elle recommença à porter des robes tachées et trouées. Elle avait souvent à la main un fruit ou une friandise et, comme elle était en même temps distraite, violente et paresseuse, elle ne manquait guère de répandre sur elle les sor-