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LA DOUBLE MAÎTRESSE

ce qu’il eût perdu sa piste ailée, puis recommençait ce manège jusqu’à ce qu’il finît par s’endormir, la tête inclinée sur l’épaule et la bouche ouverte.

À son réveil, il rajustait avec soin son jabot et ses manchettes, faisait le tour de la pièce, regardait les tablettes chargées de livres comme pour bien se pénétrer, par leur aspect, de ce qu’ils pouvaient renfermer et se composait un visage méditatif qui semblait garder le reflet des plus graves pensées.

L’abbé Hubertet fit un tout autre usage de la bibliothèque. Les reliures paresseuses s’ouvrirent entre ses mains actives ; les volumes quittèrent les rayons et s’empilèrent sur la table qui se couvrit de papiers rapidement griffonnés. Il se courba sur les textes et rendit à leur destination ces beaux instruments de science.

C’est là aussi que, chaque jour, il donna ses leçons à Nicolas de Galandot. Vers dix heures, le jeune homme arrivait avec ses cahiers sous le bras. L’abbé, qui était là depuis l’aube, repoussait ses paperasses et souriait à son élève qui le saluait et s’asseyait devant lui, attentif et étonné.