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LE RÉPERTOIRE NATIONAL

colas. Des propositions de mariage ! Et que l’y as-tu répondu ?

colinette. Eh dame ! j’ai répondu…j’ai répondu comme il convenait de répondre.

colas. Mais sans doute que tu ne l’y as pas donné d’espérances ?

colinette. J’ai fait plus, car je lui ai presque donné ma parole.

colas. Tu l’y as donné ta parole ?

colinette. Oui, ma parole, mon consentement.

colas. Serait-t-y possible que tu pourrais en aimer un autre après toutes les promesses que tu m’as faites ?

colinette. Il est vrai, je ne sais pas comment j’ai pu oublier cela.

colas. Je l’sais ben moi. C’est que ton amiquié est pus changeante que I’vent. Mais dis-moi, est-t’y convenable à une fille d’écouter les cajolleries d’un queuqu’un quand elle s’étons promise à un autre ? Comment as-tu pu oublier c’que tu m’as dit cent fois, c’que tu m’disons tous les jours ? Ah ! Colinette, je n’te croyais pas capable de ça.

colinette. Allons, voilà encore les reproches. Eh ! n’as-tu pas toi-même oublié qu’hier au soir tu me demandas avec empressement la permission de venir ce matin me trouver au jardin ? Était-ce une chose à oublier ?

colas. Tu as raison. Mais dis-moi donc, est-t-y ben vrai qu’un monsieur… ?

colinette., (l’interrompant.) Tiens, c’est une petite vengeance dont j’ai voulu avoir le plaisir, pour t’apprendre à ne pas manquer une autre fois au rendez-vous.

colas. Tu es trop méchante aussi de m’faire endêver comme ça.

colinette. Eh bien ! laissons cette plaisanterie qui te cause du chagrin et sois sûr que je suis toujours la même pour toi.

colas. Tu me remets le cœur. Eh ben, puisque tu n’es point fâchée, dis-moi donc encore une fois que tu m’aimes.