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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

colinette. Je te l’ai répété cent fois, mais je veux bien encore t’assurer de mes sentimens.

ARIETTE.

Le tendre amour qui pour Colas m’engage,
Ne changera jamais d’objet ;
Les vains dehors d’un brillant étalage,
Sur moi ne font aucun effet ;
Ton cœur constant, ton cœur fidèle,
Pour le mien est un don flatteur :
C’est dans une ardeur mutuelle
Que l’on peut goûter le bonheur.


colas. Chère Colinette ! te me rends le bonheur.

colinette. Es-tu content de cette assurance ? et cela te guérira-t-il de ta jalousie ?

colas. Pardonne-moi, ma chère, c’est parce que j’t’aimons que j’ons toujours peur de t’perdre, et pisque tu m’aimes aussi n’me donne donc pus d’chagrin ; mais à propos, y faut que j’te conte queuque chose qui nous regarde tous deux.

colinette. Qu’est-ce que c’est ?

colas. C’est pour à l’égard de not mariage.

colinette. As-tu parlé à M. Dolmont ?

colas. Non, mais j’ai trouvé queuqu’un qui s’est chargé de l’y en parler avec moi, et j’y vas aller tout-à-l’heure.

colinette. Que veux-tu dire ? Conte-moi donc cela.

colas. Tiens, v’là comme ça s’est passé, je m’suis levé c’matintout triste comme d’ordinaire, et j’ai dit en moi-même : c’est demain la fête à M. Dolmont, faut pas que je manque d’aller l’voir ; c’est un bon jour pour l’y demander une grâce, faut que j’l’y conte mon amiquié pour Colinette, et que je la l’y d’mande en mariage ; il a l’cœur bon, il est généreux, peut-être qui m’l’accordera.

colinette. Et tu ne songeais point au bouquet ?

colas. Pas un brin, j’avions trop d’choses en tête.

colinette. Eh bien.

colas. J’ons donc été au château, mais com’y n’était pas l’vé j’n’ons pu l’y parler, et j’en avais ben du chagrin ;