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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

légères qui venaient se briser sur les roseaux et les pierres du rivage, et contempla la voûte azurée des deux et les nuages dorés de l’été. Enfin, perdant le sentiment de cette douce et innocente jouissance, il tomba dans un sommeil profond, dont il ne fut tiré que par le bruit de l’eau fendue par des avirons.

Bouchard jeta ses regards sur le lac, et vit s’approcher du rivage un canot où il y avait trois sauvages, un vieillard, un jeune homme et une jeune femme. Ils débarquèrent non loin de lui, et sans l’apercevoir, gagnèrent l’extrémité opposée du demi-cercle. Le vieillard s’avança d’un pas lent et mesuré, et levant une espèce de porte formée de joncs et de tiges flexibles, (que Bouchard n’avait pas remarquée,) ils entrèrent tous trois dans une cavité du rocher, y déposèrent quelque chose qu’ils avaient apporté dans leurs mains, y demeurèrent quelque temps prosternés, et retournèrent ensuite à pas lents à leur canot. Bouchard suivit des yeux la frêle nacelle sur la verte surface du lac, et tant qu’il la put voir, il entendit la voix mélodieuse de la jeune femme, accompagnée, à des intervalles réguliers, par celles de ses compagnons, chantant, comme il se l’imaginait, l’explication de leur culte silencieux ; car leurs gestes expressifs semblaient montrer d’abord le rivage et ensuite la voûte du ciel.

Dès que le canot eut disparu, Bouchard quitta sa couche, et se rendit à la cellule. Il se trouva que c’était une excavation naturelle, assez haute pour admettre debout un homme de taille ordinaire, et s’étendant en profondeur à plusieurs pieds, après quoi elle se réduisait à une simple fente entre deux rochers. D’un côté, un petit ruisseau pénétrait par le toit voûté, et tombait en gouttes de crystal dans un bassin naturel, qu’il avait creusé dans le roc. Au centre de la grotte était un tas de pierres en forme de pyramide, et sur cette pyramide une soutane et un bréviaire. Il allait les examiner, quand il entendit le coup de sifflet donné pour signal par son guide ; il y répondit par le son de son cor, et au bout de quelque moments, Sequin descendit du précipice, et