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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.

fut à côté de lui. Bouchard lui conta ce qu’il avait vu, et Sequin, après un moment de réflexion, dit : « Ce doit être l’endroit dont j’ai si souvent entendu parler nos anciens ; un homme de bien y est mort. Il fut envoyé par le Grand-Esprit pour enseigner de bonnes choses à notre nation, et les hurons ont encore plusieurs de ses maximes gravés dans leur cœur. Ils disent qu’il a jeûné tout le temps de sa vie, et qu’il doit se régaler maintenant : c’est pourquoi ils lui apportent des provisions de leurs festins. Voyons quelles sont ces offrandes… » Sequin prit d’abord un tortis fait de fleurs et de rameaux toujours verts : « C’est dit-il, une offrande de noces, » et il en conclut que le jeune couple était marié depuis peu. Ensuite venait un calumet : « C’est dit Sequin, un emblème de paix, le don d’un vieillard : et ceci (ajouta-t-il, déroulant une peau qui enveloppait quelques épis mûrs de bled d’Inde,) ce sont les emblèmes de l’abondance et des occupations différentes de l’homme et de la femme : le mari fait la chasse aux chevreuils, et la femme cultive le maïs… »

Bouchard prit le bréviaire, et en l’ouvrant, un manuscrit tomba d’entre ses feuillets : il le saisit avec empressement, et il allait l’examiner, quand son guide lui fit remarquer la longueur des ombres sur les lacs, et l’avertit que les canots seraient prêts au lever de la pleine lune. Bouchard était bon catholique, et comme tous les catholiques, un bon chrétien : il honorait tous les saints du calendrier, et révérait la mémoire d’un homme de bien, quand même il n’avait pas été canonisé. Il fit le signe de la croix, dit un Pater, et suivit son guide au lieu du rendez-vous. Il conserva le manuscrit comme un relique saint ; et celui qui tomba dans les mains de notre voyageur, chez le cultivateur canadien, était une copie qu’il en avait tirée pour l’envoyer en France. L’original avait été écrit par le P. Mesnard, dont la mémoire vénérée avait consacré la cellule du lac Huron, et contenait les particularités suivantes :

Le P. Mesnard reçut son éducation au séminaire de St.