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LE RÉPERTOIRE NATIONAL.


Mais l’homme que la vertu guide
A son propre cœur pour égide ;
Son glaive c’est la vérité.
Quand il combat pour la patrie,
Il n’entend que la voix qui crie :
La liberté ! la liberté !

Et qu’importent ces mots de traître,
D’homme rébelle au meilleur maître,
Et l’écho de ces vieux refrains ?
Il a pour lui ce grand tonnerre
Qui vient de réveiller la terre :
Peuples, vous êtes souverains.

Tandis qu’une bouche insensée
Prodigue à l’idole encensée
La vieille myrrhe des Loyaux ;
Qui n’entend pas ce long murmure,
Cet autre cri de la nature :
Hommes, vous êtes tous égaux ?

Quand leurs remparts tombent en poudre,
Sous ta raison qui frappe en foudre,
Ils s’enveloppent du mot : Roi ;
Faible voile qui se déchire
Au premier souffle qui vient dire :
Un peuple est le maître de soi.

Un peuple d’un autre le maître !
L’homme ne fait-il que de naître ?
Les yeux se ferment-ils au jour ?
Quoi ! ses plus chères destinées
En d’autres mains abandonnées,
Seraient détruites par un tour !

Quoi ! la force toute brutale
Au plus faible toujours fatale
Chez des hommes ferait le rang !
Non, non : la coupe est trop amère ;
Et puis, il faut à la chimère
Trop de soupirs et trop de sang…

Ah ! l’insensé qui pourrait croire
À ces droits d’armes, de victoire,