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LE RÉPERTOIRE NATIONAL

le bailli. C’est ce qu’il faut éviter avec soin, tu es assez bien vêtue comme cela, laisse-moi faire, je pourvoirai à tout.

colinette. Oui, mais vous ne me donnerez pas peut-être…

le bailli. Je te donnerai tout ce qui te plaira, et en attendant accepte cette bourse de cent louis, pour commencer ta garde-robe.

colinette. Eh bien ! j’y consens ; mais pour éviter les soupçons, j’irai me cacher ici aux environs à l’heure indiquée, vous viendrez m’y trouver, et nous partirons sans être aperçus.

le bailli. D’accord. Le soleil va bientôt terminer sa carrière,[1] et dans peu l’obscurité secondera nos desseins. Oh ! que tu vas être heureuse ! nous allons habiter ma jolie maison de campagne, et là, assis à l’ombrage… Mais à propos, laisse-moi donc prendre d’avance un petit baiser.

colinette. Oh ! non.

le bailli. Pourquoi non ?

colinette. Tantôt, tantôt.

le bailli. Seulement rien que…

colinette, (aperçevant Colas). Retirez-vous, je crois apercevoir quelqu’un là-bas, et je tremble qu’on ne nous voie ensemble.

le bailli. Allons, jusqu’à tantôt, prends bien garde à l’argent. (Il s’enfuit.)



Scène V.


COLAS, COLINETTE.

colas. Ah ! pour le coup, perfide, j’t’y prends.

colinette. Eh bien, qu’as-tu donc ?

colas. J’ons vu toute la manigance, mais tu ne me tromperas pas davantage.

  1. On commence ici à diminuer graduellement la lumière du théâtre, en commençant par les coulisses du fond.