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INTRODUCTION.

Les journaux, en se multipliant, ont fait multiplier les lecteurs et les écrivains. Mais pendant longtemps, bien longtemps, les écrivains se sont renfermés dans des discussions souvent oiseuses et rarement instructives. Ceux qui ont eu la hardiesse de sortir les premiers de ces ennuyeuses discussions, pour s’essayer dans des compositions purement littéraires, soit en prose, soit en vers, furent en butte à des critiques acerbes, ironiques, jalouses, et à des reproches plus modérés et trop souvent mérités.

De tous ces tâtonnements, de toutes ces discussions, de tous ces essais, est néanmoins sorti le germe d’une littérature nationale. Mais la politique, en s’emparant de tous les esprits et des meilleurs talents, a malheureusement enlacé notre jeune littérature dans ses fils. Les essais poétiques, surtout, ont trop longtemps eu pour sujet des pensées politiques, et pour but des attaques contre les hommes qui gouvernaient le Canada, et tyrannisaient les Canadiens-français.

Toutefois, avant 1820, époque où la littérature a commencé à prendre un caractère solide, plus défini, plus national, des hommes sérieux et instruits ont traité de l’histoire, des sciences, de l’instruction publique, et plusieurs voyageurs nous ont laissé des récits, quelques fois très intéressants, de leurs voyages.

La littérature canadienne s’affranchit lentement, il faut bien le dire, de tous ses langes de l’enfance. Elle laisse la voie de l’imitation pour s’individualiser, se nationaliser ; elle s’avance, en chancelant encore, il est vrai, vers des régions nouvelles ; devant elle s’ouvre un horizon et plus grand, et plus neuf : elle