Page:Réponse de l'Eglise orthodoxe d'Orient à l'encyclique du pape Pie IX, 1850.djvu/27

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ou prenaient part, soit par leurs voix, soit par leur consentement, les bienheureux papes d’alors, juge lui-même combien loin de la vérité est la pensée que cette prétendue suprématie aurait eu une force quelconque en Orient chez nos saints Pères, ou, ce qui revient au même, à ces Conciles œcuméniques. Mais Rome a contracté une habitude, qui lui est ordinaire et favorite, d’entendre tout irrégulièrement et selon son propre arbitre, d’interpréter faussement les choses, et d’en altérer le sens.

Ainsi, jamais une pareille primauté soit de chef de l’Église, soit d’autorité absolue, soit du centre des croyances vraies, n’a été connue ni reconnue dans la personne d’un évêque par l’Église chrétienne, attendu qu’elle sait bien que les Évêques de l’Église primitive avaient toujours eu présente à la mémoire la parole du Seigneur : Que celui qui voudra devenir plus grand parmi vous soit votre serviteur, et que celui qui voudra être le premier d’entre vous soit votre esclave. (Matth., xx, 26, 27.) Et puisque chacun d’entre les évêques, selon ce commandement divin, se reconnaissait le dernier esclave, personne d’entre eux, du vivant des apôtres et des Pères apostoliques, ne rêvait jamais la primauté ni la suprématie sur les autres. D’ailleurs, les Églises des villes les plus illustres d’alors, étayant un nombre plus grand de gens pieux, et surtout les Églises dont on savait que les évêques tenaient la succession immédiate des apôtres, ont gagné sur les autres Églises voisines qui étaient moins fameuses dans le nombre des Églises chrétiennes, des prérogatives telles qu’elles sont devenues une sorte de refuge pour les autres. Telles étaient les Églises d’Antioche, dont les évêques ont été ordonnés par les apôtres Pierre et Paul ; d’Alexandrie, fondée par l’évangéliste Marc, et l’Église de Rome, fondée par les apôtres Pierre et Paul ensemble. Puis l’ordre des Conciles œcuméniques exigeait qu’un des trois