Page:Rétif de la Bretone - Le Paysan et la paysane pervertis, vol. 1, 1784.djvu/117

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naît-il ſon bonheur ? — Il le devrait. — Vous avez-donc-daigné le lui apprendre ?… — Oui ; mais depuis tres-peu-de-temps. — Comment a-t-il reçu cette precieuse aſſurance — ! (Elle a-été un-moment ſans repondre) : — Lui ſeul pourrait le dire. — Douteriez-vous d’être-aimée ! ah ! vous êtes-faite pour tout ſoumettre à vos charmes ! Depuis que je le connais, Je me-defie de leur pouvoir. — Serez-vous conſtante ? — Juſqu’au tombeau. — Comment l’aimez-vous ? — Pour lui-même. — Eſt-il le Premier qui règne ſur votre cœur ? — Mais vous faites-là des queſtions… Hébién oui, ce qu’il m’inſpire, je ne l’éprouvai jamais. — Eſt-il jeune ? — De mon âge. — Sa figure ? — Trop-bién ! — Son air ! — Eſt très bién, ét deviéndra charmant. — Son eſprit ? — Il en-a ; mais on n’en-connaît pas encore le brillant. —… Je ne ſaurais deviner. — Vous-vous-decouragez bién-vite ! — Où trouver cet Amant, ſi-parfait ? — Parfait ! Je ne dis pas cela ; mais qu’il eſt pour le devenir. Hébién, cet Amant donc, merite-t-il ?… — Oui, monſieur, il merite les ſentimens qu’il m’inſpire ; il eſt-digne du ſort le plus-beau, ét je regrette tous les momens de ma vie où je ne l’ai-pas-connu. — Ah ! Mademoiselle ! vous, me rendez jalous de ſon bonheur. — Aveugle !… pourquoi le ſeriez-vous ?, — Parce qu’il eſt-heureus, ſans peutêtre le ſentir. — Il vous échappe-là une verité ! — Ah ! heureus