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d’Iberville se résolut à combattre, pour empêcher l’ennemi de secourir le fort, qu’il n’aurait pu reprendre s’il eût été ravitaillé par les vaisseaux anglais. À son approche, les Anglais lui crièrent qu’ils savaient bien qu’il était d’Iberville, qu’ils le tenaient enfin et qu’il fallait qu’il se rendît. Le chevalier commença le feu à neuf heures du matin ; à midi, voyant que la partie était décidément inégale, il résolut d’en finir ; il fit pointer tous ses canons à couler bas, aborda vergue à vergue le gros vaisseau anglais, et lui envoya sa bordée, qui le fit sombrer sur le champ. Puis il se jeta sur le second vaisseau pour l’enlever à l’abordage ; celui-ci amena aussitôt son pavillon ; d’Iberville le fit amariner par ses chaloupes et poursuivit le troisième vaisseau, qui avait pris le large et filait toutes voiles dehors. Le Pélican, « crevé de sept coups de canons » et ayant eu deux de ses pompes brisées pendant le combat, ne pouvait épuiser l’eau qu’il faisait ; aussi laissa-t-il échapper le troisième vaisseau anglais. « Dieu merci, écrivait d’Iberville, dans le combat je n’ai eu personne de tué, seulement dix-sept blessés. » Le 7 septembre, une violente tempête engloutit la prise de d’Iberville et jeta le Pélican à la côte, à 2 lieues du fort Nelson ; mais, à ce moment, d’Iberville fut rejoint par ses deux autres vaisseaux. Le 13, il alla bombarder le fort, l’obligea à capituler le 14, et il repartit, le 24, avec 300 hommes malades du scorbut. Le 7 novembre, le chevalier était à Belle-Isle, en France, et le lendemain il rédigeait, pour le ministre de la marine, M. de Pontchartrain, le rapport auquel est emprunté le récit de ces combats[1].

  1. Dussieux. Le Canada sous la domination française, p. 89.