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suivant le mot d’un diplomate russe[1] et faire servir ce recueillement à nous corriger de nos défauts nationaux et à acquérir les vertus qui nous manquent !…

Apprenons du moins, pour rester dans le sujet de ce livre, à rectifier, en matière coloniale, la politique si souvent mal avisée et malheureuse des gouvernements du passé. On a souvent accusé la France d’inaptitude à fonder des colonies. Il est certain, — ce livre l’a souvent montré, — que bien des erreurs ont été commises, en matière coloniale, par les divers gouvernements qui se sont succédés chez nous. Toutefois, l’existence même du peuple franco-canadien est là pour témoigner que cette prétendue inaptitude n’est rien moins qu’absolue. Il a tenu, en somme, à bien peu de chose que le tiers du Nouveau-Monde ne fût aujourd’hui français. L’Afrique nous offre aujourd’hui un nouveau champ de colonisation, d’où nous saurons, espérons-le, ne nous laisser éliminer par personne ; l’expérience du passé devra nous y servir d’enseignement pour l’avenir. L’histoire des Canadiens français est là pour nous dire comment peuvent se fonder les colonies vivaces et pour démentir l’opinion qui tendrait à contester la puissance expansive et prolifique de notre race.

Que l’exemple de ce jeune peuple, sorti vainqueur de tant de difficultés et déjà mûr pour les grands devoirs du self-government, serve aux aînés d’encouragement et de leçon ! Comprenons aussi qu’un de nos intérêts les plus chers est de presser dans la nôtre

  1. « La Russie se recueille » disait le prince Gortschakoff après la guerre de Crimée.