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qu’il est absolument nécessaire, pour le bien de son service, d’adoucir votre conduite… On a dit que vous ne vouliez pas permettre que les ecclésiastiques et autres (les jésuites) pussent vaquer à leurs missions et à leurs autres fonctions, sans passeport, de Montréal à Québec, que vous les faisiez venir souvent pour des causes très légères, que vous interceptiez leurs lettres et ne leurs laissiez pas la liberté d’écrire. Si le tout ou partie de ces choses est véritable, vous devez vous en corriger. »

Pour mieux mater le trop hardi gouverneur, en attendant une disgrâce plus complète, la cour ressuscita l’office d’intendant laissé vacant depuis le départ de Talon, et, par un édit du 5 juin 1675, Jacques Duchesneau fut chargé, en cette qualité, de l’administration de la justice, de la police et des finances dans les « pays de Canada, Acadie, de Terre-Neuve et autres pays de la France septentrionale ». Sa commission lui donnait le droit de « présider le Conseil souverain en l’absence de M. de Frontenac ». Il devait aussi « tenir la main à ce que les juges inférieurs fussent maintenus et protégés dans leurs fonctions, et à ce que le Conseil souverain jugeât toutes les matières civiles et criminelles, conformément aux édits et ordonnances du roi et à la coutume de Paris ; faire, avec le concours des conseillers, les règlements nécessaires pour la police générale du pays, pour les foires et les marchés, pour l’achat et la vente des denrées et des marchandises. »

La charge de Duchesneau avait d’autant plus d’importance et d’étendue que la Compagnie des Indes-Occidentales venait enfin de résigner son embarrassant