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les produits de cette immense et fertile région du Soudan, qui donne à profusion le coton, l’arachide, le béraf, l’indigo, la gomme, l’ivoire, etc. Si rien n’entrave l’exécution du chemin de fer commencé qui doit unir Boufalabé, sur le fleuve Sénégal, au Niger, les Français, maîtres de l’accès de ce vaste bassin, exerceront de droit et de fait la domination sur toute cette partie de l’Afrique centrale.

Outre le bassin du Niger, celui du Congo peut aussi devenir pour nos descendants un immense champ de découvertes et d’échanges commerciaux : les expéditions hardies de M. de Brazza dans l’intérieur des terres et les succès qu’y ont remportés ses pacifiques missions promettent à la France, déjà maîtresse du Gabon depuis 1842. la garde et la tutelle de ces vastes contrées, peuplées de nègres enfants.

A Madagascar, le gouvernement de la République a osé faire enfin valoir les droits que tous les traités, depuis deux siècles, nous reconnaissaient. Par les créoles de l’ile Bourbon, par ceux qui viendraient de « l’île sœur » comme on appelle encore là-bas l’ancienne Ile de France (Maurice), la France peut espérer constituer sur les côtes de cette grande île un noyau de population blanche assez forte pour en entreprendre la colonisation et pour tenir en échec les Hovas qui ont si longtemps opprimé les tribus sakalaves, nos alliées. Il n’est pas démontré d’ailleurs que les Hovas, tribu de noirs intelligents et énergiques, ne s’accommoderont pas eux-mêmes quelque jour du protectorat de la France, surtout si celle-ci évite de se faire là-bas la protectrice exclusive des jésuites et si elle est assez sage pour traiter avec équité, comme elle l’a fait à Tahiti, ceux des indigènes qui professent le culte réformé.

En Asie, nous avons étendu notre influence dans l’extrême Orient. Si, de l’immense empire colonial de l’Inde que Dupleix nous avait presque mis en mains et que la honteuse mollesse du gouvernement de Louis XV nous a fait perdre,