Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
HISTOIRE DU CANADA

il ne nous reste plus que des débris : — cinq villes avec leur banlieue, — nous avons du moins repris pied dans la péninsule voisine, et nous dominons dès a présent sur une vaste partie de l’Indo-Chine par la possession de la Cochinchine française, par le protectorat que nous exerçons, depuis 1864, sur le Cambodge, par celui que nous venons d’imposer à l’empire d’Annam et que nous exercerons surtout sur sa plus riche province, le Tonkin. Si la Chine, de ce côté, consent à vivre avec nous en bonne voisine, il ne pourra résulter que du bien, au point de vue de la prospérité et de la civilisation générale, de ce contact plus intime entre la race blanche et la race jaune.

En Océanie, la Nouvelle-Calédonie, française depuis 1853, après avoir attiré l’attention comme lieu de déportation des condamnés de la Commune, la retient encore aujourd’hui, depuis surtout qu’une nouvelle loi a décidé d’en faire le centre de relégation des récidivistes. La douceur de son climat n’est égalée que par sa salubrité, et on pourrait prédire un bel avenir à la colonisation de cette île fortunée, si les hommes y étaient moins indignes de la nature. Mais là, comme à l’île des Pins, comme aux île Loyauté, dépendances de la Nouvelle-Calédonie, comme aux Nouvelles-Hébrides qui devraient nous appartenir aussi, comme dans cette riante Tahiti, la perle des mers, et dans les archipels circonvoisins dont quelques-uns (îles de la Société, Marquises, Touamotou, Gambier. etc.) arborent le pavillon de la France, la corruption de notre civilisation avancée est plus mortelle encore aux tribus indigènes que leur ancienne barbarie qui, chez quelques-unes, allait, va encore jusqu’au cannibalisme. Climat égal formant un éternel printemps, végétation luxuriante qui fait de ces îles autant de corbeilles de fleurs et de fruits, on dirait d’un paradis sur la terre : man only is rite[1].

  1. La Société des missions évangéliques de Paris a de belles stations à Tahiti et dans les îles voisines ainsi qu’à Maré (îles de la Loyauté) et l’influence de l’Evangile, là où il a été reçu par les indigè-