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nous l’avons laissée, l’histoire de l’Acadie qui se développait parallèlement à celle du Canada proprement dit ; cela nous permettra de faire le compte de la population de l’ensemble de la Nouvelle-France et de calculer les ressources qu’elle pouvait offrir en vue de la guerre imminente.

L’Acadie, conformément aux stipulations du traité de Bréda, avait été restituée aux Français et le major de Grandfontaine en avait repris solennellement possession en l’année 1670. Le gouvernement confié à M. de Grandfontaine comprenait une vaste région, grande comme la moitié de la France et s’étendant du fleuve Kennebeck jusqu’au promontoire de Gaspé. Les postes principaux étaient à Passamacadie, Pentagoët, Jemsek, Miramichy, Népisiguy, Chédabouctou, La Hève, le Cap Sable et Port-Royal ; mais de tous ces établissements, Port-Royal, le Cap Sable et La Hève étaient les seuls où il se trouvât une population européenne sérieusement établie avec des femmes, des enfants et des cultures. Le tout ne dépassait pas 440 habitants en 1671. Partout ailleurs on ne rencontrait que des forts plus ou moins considérables avec des magasins[1]. La cour avait promis des renforts d’émigrants ; mais les faits ne répondirent pas aux promesses et c’est tout au plus si, de 1670 à 1679, il s’établit de 40 à 50 colons nouveaux en Acadie, presque tous célibataires, mais dont plusieurs se marièrent dans le pays[2]. Talon projeta un instant de visiter cette contrée, mais il retourna en France avant d’avoir pu exécuter son dessein, et le gouvernement cessa de s’occuper de ce pays pendant près de vingt ans !

  1. Rameau. Une colonie féodale, p. 123.
  2. Ibid. p. 125.