Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/190

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peuple devient bien plus intéressant encore et plus digne d’étude quand on jette les yeux sur la suite de son histoire et sur le développement rapide, considérable, qu’il prit dans la suite, malgré la conquête et la domination étrangère. Abandonnés au milieu des brouillards de Terre-Neuve, délaissés et oubliés par le monde entier, même par leurs nouveaux maîtres qui entretenaient à peine une petite garnison à Port-Royal, ces familles continuèrent à croître en nombre, au point de devenir un objet d’inquiétude pour l’Angleterre et de déterminer celle-ci à une mesure d’ostracisme qui est sans exemple dans l’histoire comme elle est sans cette excuse et qui marquera ses auteurs d’un stigmate éternel. » Mais nous aurons occasion, au cours de notre histoire, de raconter ces événements douloureux. Bornons-nous à saluer ici d’une pensée d’affection et de sympathie ces braves Acadiens, cette honnête et mâle lignée d’enfants de la vieille France qui, séparés de leur berceau par plus de 1,500 lieues d’Océan et par bientôt deux siècles de domination étrangère, gardent encore pieusement le souvenir et la langue de l’ancienne mère-patrie et se transmettent, de père en fils, avec les traditions de vaillance et de générosité de leurs aïeux, les vieilles ballade de langue d’oui dont leurs mères bercèrent leur enfance.