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80 volontaires canadiens, sous le commandement de M. Picoté de Bellestre.

Le Congrès de Philadelphie profita de ces premiers succès pour tâcher d’agir sur l’esprit des Canadiens en répandant dans tout le pays les exemplaires d’une proclamation encore plus insinuante que les précédentes. Il croyait savoir, en effet, que la grande majorité des Canadiens, le clergé et la noblesse exceptés, étaient aussi mécontents du nouvel ordre de choses que les colons anglais eux-mêmes, et que les soldats du Congrès seraient plutôt reçus en libérateurs qu’en ennemis[1]. Précédée de ce manifeste qui appelait les Canadiens à faire cause commune avec leurs libérateurs et promettait, en tout cas, de respecter leurs personnes, leurs biens, leur liberté, leurs autels, l’armée des « provinciaux », — on désignait aussi de ce nom les Américains soulevés — s’avança, forte de 2,000 hommes, dans la direction du fort de Sorel. Dans cette conjoncture pressante, Carleton, qui n’avait sous ses ordres que deux régiments comptant ensemble 800 hommes, sentit le besoin de s’assurer le concours de la population canadienne. L’évêque de Québec, à qui le gouvernement anglais venait d’accorder une pension de 200 livres sterling, adressa un mandement aux catholiques de son diocèse pour les exhorter à soutenir la cause de l’Angleterre, menaçant d’excommunication tous ceux qui se montreraient rebelles. En même temps, le gouverneur proclamait la loi martiale (8 juin 1775) et appelait la milice sous les armes pour repousser l’invasion et maintenir

  1. Garneau, T. II, p. 428.