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récemment encore de faire de si vives remontrances à l’Angleterre, parce qu’elle avait étendu une main protectrice sur leurs lois, leurs institutions et leurs autels, qu’enfin la loyauté leur faisait un devoir de rester fidèle à leur prince, et que leur nationalité aurait couru plus de dangers avec une république anglo-américaine qu’avec une monarchie européenne.

« Nous nous abstiendrons, ajoute Garneau, d’apprécier ici la valeur de ces plaintes, échos sourds mais significatifs des sentiments d’un peuple que sa nationalité a fait proscrire. L’union des deux Canadas est venue trop tôt justifier les raisons de ceux qui voulaient se joindre aux républicains américains en 1775[1]. »


La nouvelle de l’arrivée des 7 à 8,000 hommes de troupe (des mercenaires allemands pour la plupart) que le gouverneur Carleton avait demandés à l’Angleterre et qu’amenait le général Burgoyne, décida les Américains, après une nouvelle et inutile tentative contre Québec, à évacuer leurs positions devant cette ville. Une sortie que fit le gouverneur les surprit au milieu de ce mouvement et précipita leur retraite pendant laquelle les Américains eurent à souffrir cruellement. Beaucoup de leurs soldats auraient péri sans l’humanité des Canadiens français qui leur donnèrent des habits et des aliments. Après les avoir poursuivis quelque temps, Carleton revint sur ses pas et rentra à Québec, d’où il envoya des détachements pour ramasser leurs traînards et brûler les maisons des habitants qui s’étaient joints aux rebelles ; « car les Anglais, dit

  1. Garneau. Histoire du Canada, 1re  édit. Tome III, p. 23.