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dats contre dix-neuf inféodés au gouvernement. Dans le Haut-Canada, la lutte électorale n’eut pas lieu sur la question de l’Union, acceptée par tous les partis, mais sur le terrain des réformes et de la substitution d’un régime véritablement parlementaire avec ministère responsable devant les Chambres, au gouvernement personnel et irresponsable qui était encore en vigueur, sous la nouvelle constitution comme sous l’ancienne. Les « réformistes » l’emportèrent aux élections sur le parti conservateur alors connu sous le nom de « Family compact », et la nouvelle Chambre compta vingt-six députés du premier parti contre seize seulement du second.

Lord Sydenham manœuvra de façon à se concilier, pour un temps au moins, les réformistes du Haut-Canada. Il voulait, avant tout, faire ratifier l’acte d’Union par la majorité de l’Assemblée législative, et il y parvint sans trop de peine ; vingt-cinq voix seulement, presque toutes de Canadiens français, protestèrent contre cette constitution imposée sans consultation préalable du pays. Sur une interpellation des réformistes, les ministres durent aussi prendre l’engagement de résigner leurs fonctions, du jour où ils n’auraient plus l’appui de la majorité de la Chambre. « Nous tenons enfin le gouvernement responsable », s’écria-t-on de toutes parts, et, en effet, depuis ce moment, le Canada posséda la réalité du régime représentatif, dont il n’avait eu que l’ombre jusqu’à ce moment.

Lord Sydenham ne tarda pas d’ailleurs à s’apercevoir, aux résistances que soulevèrent dans la Chambre plusieurs de ses propositions, que l’esprit d’indépendance avait soufflé sur ses administrés. Bien que la