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tion du Parlement. Au même moment une main criminelle allumait l’incendie ; et l’édifice tout entier du Parlement, y compris les archives et la bibliothèque qui contenait vingt-deux mille volumes, devenait la proie des flammes (25 avril 1849).

L’émeute fut bientôt réprimée et quelques arrestations eurent raison de ces forcenés. Montréal perdit, à ces troubles, son rang de capitale, et l’Assemblée législatives vota une adresse au gouverneur, lui demandant de convoquer la législature alternativement, de quatre ans en quatre ans, à Québec et à Toronto. La session en cours s’acheva à Toronto. Il fut convenu que Québec aurait le Parlement pendant les quatre années suivantes.

Cette agitation passa vite, comme ces torrents qui tombent en grondant des montagnes, qui menacent, pour un moment, de tout engloutir sur leur passage et qui, rentrés ensuite dans leur lit de cailloux, offrent à peine un mince filet d’eau. Le filet d’eau fut ici un manifeste, signé par quelques centaines d’ultra-conservateurs, d’Américains, de Canadiens-Français démocrates, de commerçants ruinés par le changement de régime commercial, et déclarant que le seul remède aux maux du pays était une séparation amicale et paisible d’avec l’Angleterre et une union conclue, sur de justes bases, avec les États-Unis. MM. Papineau, Dorion, J. de Witt, membres du Parlement, ainsi que les rédacteurs du Courrier, de l’Avenir et du Moniteur canadien, organes démocratiques de Montréal, étaient parmi les signataires de ce manifeste. On s’en émut un moment en Angleterre, mais il parut bientôt, aux élections partielles qui suivirent, que les chefs de ce mouvement