Page:Réveillaud - Histoire du Canada et des canadiens français, de la découverte jusqu'à nos jours, 1884.djvu/502

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tares — l’étendue de la France — susceptibles de culture dans un avenir plus ou moins rapproché. Si l’on réfléchit que ces cinquante millions d’hectares cultivables sont adossés à près de quatre-vingt-cinq millions d’hectares de forêts ; qu’ils avoisinent, en outre, quinze millions de terres impropres à la culture, mais éminemment favorables à l’élevage en grand du bétail (le désert) ; qu’ils ont devant eux une superficie égale à près de six fois la France (trois cents millions d’hectares) de territoires de chasse, où des facilités de communication parviendront peut-être à créer une certaine activité industrielle par la découverte et l’exploitation des divers minerais que recèlent les roches primordiales du terrain laurentien ; on ne trouvera pas exagérée la fixation du chiffre de population que peut faire vivre la région du Nord-Est, à cinquante millions d’habitants à peu près, — au prorata des portions centrale et méridionale de la Russie d’Europe, situées à peu près sous la même latitude et dans les mêmes conditions de climat et de production.

« Ajoutez à cela les cent millions d’hectares des deux Canadas et des provinces maritimes, les immenses étendues, encore inexplorées pour la plupart, de la terre de Rupert et du Labrador, au nord de la Hauteur-des-Terres, et l’on arrivera aisément au chiffre de cent millions d’êtres humains pour la population future de l’Amérique anglaise du Nord. Si notre race maintient vis-à-vis de ses rivaux Anglo-Saxons, les proportions numériques d’aujourd’hui, c’est une nation néo-française de quarante millions d’âmes qui prospérera un jour au nord des grands lacs et du quarante-neuvième parallèle, si même, d’ici-là, la loi mystérieuse