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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

quelles s’élèvent différentes liqueurs dans un même tube, ne sont pas proportionnelles aux densités de ces liqueurs, ce qui auroit pourtant lieu dans ces mêmes hypothèses, puisque le fluide subtil qui produiroit les phénomènes, de quelque manière qu’il agît, devroit favoriser davantage l’élévation des liquides moins denses, qui seroient par là moins susceptibles de s’opposer à son action.

Ainsi, les physiciens s’agitoient inutilement pour trouver, dans des agens extérieurs et invisibles, la véritable cause du phénomène ; tandis que cette cause existoit dans le tube même qu’ils avoient entre les mains, et dépendoit de cette espèce d’attraction que l’on a désignée par le nom d’attraction dans les petites distances.

189. Newton, après avoir trouvé, dans la gravitation universelle, le principe des mouvemens célestes et des phénomènes où la nature agit en grand sur des masses, quelquefois séparées par d’immenses intervalles (49), avoit observé aussi les effets d’une certaine attraction qui n’agissoit que près du contact, et de molécule à molécule. Les chimistes, qui avoient continuellement sous les yeux des exemples de l’action de cette force, dans la composition et la décomposition des corps, l’adoptèrent sous le nom d’affinité. Les physiciens ont été plus tardifs à la reconnoître dans d’autres effets, où les substances qu’elle sollicite conservent leur état naturel, comme cela a lieu par rapport au phénomène des tubes capillaires. Ils aimoient mieux attribuer ces effets à la pression de quelque effluve, ou de quelque tourbillon de ma-