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DE PHYSIQUE.

rondi, a déjà une certaine force pour attirer le fluide d’un conducteur électrisé, puisqu’il en fait sortir quelquefois des étincelles à la distance de plus d’un décimètre. Il faut donc faire voir que la force d’une simple pointe, pour produire le même effet, est incomparablement plus grande.

Concevons d’abord une seule aiguille ab (fig. 39), dont la pointe a soit tournée vers un conducteur C que nous supposerons chargé d’électricité vitrée, et dont l’extrémité b communique avec les corps environnans. L’action du conducteur attirera vers la pointe a le fluide résineux r qui s’est dégagé du fluide naturel de l’aiguille, et repoussera vers l’extrémité b le fluide vitré v. Supposons maintenant une seconde aiguille gd, placée à une petite distance de la première, dans une direction parallèle à la sienne, et imaginons, pour un instant, que les deux aiguilles n’aient aucune action l’une sur l’autre. Le fluide V du conducteur attirera de même vers la pointe g une certaine quantité de fluide r′ égale à r, et provenue de la décomposition du fluide naturel de l’aiguille, tandis qu’il repoussera vers la partie opposée d une autre quantité de fluide v′ égale à v. Rétablissons maintenant l’action des deux aiguilles, l’une à l’égard de l’autre ; les fluides r et v′ en s’attirant mutuellement, tendront à se mouvoir l’un de a vers b, l’autre de d vers g. Pareillement l’attraction réciproque des fluides r′ et v agira pour ramener l’un de g vers d, et l’autre de b vers a. Or, ces effets balancent, en partie, celui du conducteur pour attirer vers l’extrémité de chaque aiguille le fluide de l’électricité contraire à la sienne.