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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

plus grand développement à cette explication, lorsque nous parlerons du magnétisme.

459. Les corps susceptibles de s’électriser par la chaleur, présentent, relativement à leurs formes, une nouvelle singularité, qui semble annoncer une dépendance mutuelle entre leur cristallisation et leur propriété électrique. On sait qu’en général la manière dont la nature élabore les cristaux est soumise à la loi de la plus grande symétrie, en ce que les parties opposées et correspondantes sont semblables par le nombre, la disposition et la figure de leurs faces. Mais les formes des cristaux électriques par la chaleur, dérogent à cette symétrie, de manière que les parties dans lesquelles résident les deux espèces d’électricité, quoique semblablement situées aux deux extrémités du cristal, diffèrent par leur configuration ; l’une subit des décroissemens qui sont nuls sur la partie opposée, ou auxquels répondent des décroissemens qui subissent une autre loi, ce qui peut servir à faire deviner d’avance, d’après la seule inspection du cristal, de quel côté se trouvera chaque espèce d’électricité, lorsqu’on soumettra ce cristal à l’expérience.

Ainsi dans la variété de tourmaline que nous nommons isogone, et qui est représentée fig. 52, la forme est celle d’un prisme à neuf pans terminé d’un côté par un sommet à trois faces, et de l’autre par un sommet à six faces ; et l’expérience prouve que c’est le premier sommet qui est le siége de l’électricité résineuse, et le second qui manifeste l’électricité vitrée.

460. Mais de tous les cristaux qui offrent cette corrélation, entre la configuration extérieure et la vertu électrique, les plus remarquables sont ceux qui appartien-