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TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE

réfracté, ou réciproquement. De là vient que si l’on mouille l’une ou l’autre des faces d’une lame très-mince de quelque substance, telle que le mica, les couleurs s’affoiblissent à l’instant ; d’où il faut conclure que la réflexion ou la réfraction se fait près de la seconde surface ; car si elle se faisoit auprès de la première, ou avant que le rayon eût pénétré dans la particule, la seconde n’auroit aucune influence sur la réflexion ou la réfraction de ce rayon. De plus, la disposition dont il s’agit se propage et persiste dans le rayon, depuis la première surface jusqu’à la seconde ; autrement, lorsque le rayon est parvenu à cette seconde surface, la première n’entreroit plus pour rien dans l’action qui le détermine à être réfléchi ou réfracté[1].

729. La couleur d’un corps est d’autant plus vive et plus pure, toutes choses égales d’ailleurs, de la part des milieux environnans, que les molécules de ce corps sont plus minces ; de même que dans la lame d’air de l’expérience de Newton, les parties les plus déliées ou les plus voisines du centre sont celles où les couleurs se montrent avec le plus de force et d’éclat. De plus, parmi les molécules qui réfléchissent des couleurs d’un seul ordre, celles qui donnent le rouge sont les plus épaisses, et celles qui donnent le violet sont les plus minces.

730. La nature nous offre dans plusieurs pierres un phénomène analogue à celui des anneaux colorés : de ce nombre est l’agathe opaline ou l’opale, qui, dans

  1. Optice Lucis, lib. II, pars 3, propos. 12.
les