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DE PHYSIQUE.

seroit proportionnelle à la dispersion, on ne pourroit jamais détruire l’effet de la dispersion en combinant plusieurs milieux, sans que l’effet de la réfraction moyenne ne fût en même temps anéanti ; car la compensation qui auroit lieu à l’égard de l’axe du faisceau s’étendroit également à tous les autres rayons, qui sortiroient de même parallèles à leurs premières directions. C’étoit la conséquence à laquelle conduisoit l’expérience de Newton, et que lui-même en avoit déduite.

Mais il n’en est pas ainsi, et la loi que suivent les réfractions des rayons diversement colorés varie suivant les différentes natures des milieux, ou, ce qui revient au même, la dispersion n’est pas proportionnelle, dans les différens milieux, à la réfraction moyenne ; en sorte qu’il peut très-bien arriver, par exemple, qu’un milieu qui auroit une réfraction moyenne, seulement un peu plus forte que celle d’un autre milieu, fasse subir aux rayons de la lumière une dispersion beaucoup plus considérable.

896. Cela posé, concevons d’abord deux prismes égaux et semblables de la même matière, appliqués l’un contre l’autre, de manière que leurs angles réfringens se trouvent tournés en sens contraire. Soient acb, cby (fig. 156) les coupes des deux prismes dans un sens perpendiculaire aux axes ; c et b seront les angles réfringens. Or, dans ce cas, il est évident qu’un faisceau de lumière de qui rencontre la surface ca sous une obliquité quelconque, après s’être dilaté en traversant les deux prismes, sortira de manière que les différens rayons émergens ks, rq, tu seront parallèles au rayon incident de, puisque by est elle-même parallèle à ca.