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les dépaysés

née, que, pour cette fin, elle n’épargnerait ni ses labeurs ni ses soins. Elle les savait bien disposés et ne doutait pas que les parents fussent contents de leurs progrès aux examens.

Cette première journée se passa bien. Et le soir, lorsqu’elle fut seule, comme elle se sentit contente de sa classe ! Déjà elle les aimait les enfants, elle les aimait de toute son âme. Comme elle y mettrait de soins pour former leur jeune cœur à tout ce qui est beau et pur, leur jeune intelligence à tout ce qui est noble et vrai ! Elle pensa que pour rompre la monotonie de la classe, pour leur faire aimer les heures passées à l’école, pour rendre leur tâche un travail d’amour et de beauté, elle allait leur enseigner quelques petites chansons dans les moments libres. Et déjà, elle trace tout un plan d’enseignement, très sensé, très rationnel, de nature à intéresser l’enfant, à tenir sa curiosité en éveil et à lui faire aimer l’étude. Ce soir-là la petite institutrice était si heureuse lorsqu’elle monta dans sa mansarde qu’elle ne remarqua pas que l’échelle qui y conduisait était bien vacillante et sa chambrette bien nue.

Les enfants, de leur côté, questionnés par leurs mères, avaient fait leur rapport de cette première journée. Les petits garçons dirent que la maîtresse avait mis des images sur les murs, et les petites filles, un gros bouquet sur le pupitre. Et après les travaux de la journée, lorsque Madame Lebouc vint faire sa visite quotidienne à Madame Laplante, elles ne manquèrent pas de tomber sur le chapitre de la classe.

— Vous, Madame Laplante, envoyez-vous vos enfants à l’école pour regarder les images ou pour apprendre à lire et à écrire ? dit Madame Lebouc roulant des yeux.