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ambroise est arrêté.

l’a dit mille fois : Panem et circenses, il faut au peuple du pain et des jeux ; mais si l’on sait lui procurer des amusements qui renforcent et en durcissent ses mœurs, c’est le comble de la politique.

Tels étaient donc les spectacles que l’on donnait alors au public dans nos provinces, et dont Ambroise fut témoin dans la suite. Ils eurent beaucoup à souffrir dans leur route, lui et ses compagnons. Les prudentes ordonnances des intendants défendaient de donner à manger aux voyageurs qui n’avaient point de chapelets ; mais nos fugitifs trouvaient dans les bois des fruits sauvages et des racines dont ils s’aidaient à soutenir leurs forces. Ils voyaient partout les campagnes désolées, les métairies absolument désertes, les champs en friche, les ouvriers catholiques, dupes du zèle national, qui demandaient leur pain, ou qui prenaient une cocarde pour en prendre avec privilège. Dans les villages, les maisons ouvertes, les rues pleines d’effets brisés, de denrées détruites ou gaspillées, une solitude parfaite, présentaient l’aspect d’un pays dévasté par l’ennemi. Les grands chemins étaient couverts de soldats, d’archers, de prisonniers, de fuyards, de mendiants, de voleurs et de cadavres de gens assassinés ; et tel était le spectacle qu’offrait alors à l’Europe cette France que l’Europe accusait malignement d’aspirer à la monarchie universelle.

Les pays étrangers avaient alors une politique