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mort de la femme d’ambroise.

Ambroise s’opiniâtra longtemps à ne recevoir aucune visite ; il cherchait dans la religion des ressources contre son désespoir ; les douceurs de la piété tempéraient la force de son caractère ; et lorsque, après de longs combats les consolations, de la religion prenaient le dessus, il se sentait attendrir, et des larmes coulaient de ses yeux. Il s’approchait alors du berceau de son fils, il parcourait tous ses traits dans lesquels il se plaisait à retrouver ceux d’une épouse chérie, et il se décidait à surmonter sa douleur, pour veiller sur les jours d’une créature innocente et faible dont il était le soutien.

Un jour qu’il tenait son fils entre ses bras et qu’il le baignait de ses larmes, il vit entrer chez lui un huissier qui, après les révérences usitées, lui remit un papier griffonné qu’Ambroise eut beaucoup de peine à déchiffrer. C’était une assignation en forme pour avoir à renoncer aux biens et droits de feue demoiselle Sophie Robinel, dont il se disait faussement avoir été l’époux, attendu qu’elle n’était pas sa femme légitime, etc. L’horrible papier lui tomba des mains. L’assignation était donnée au nom des sieur et dame Robinel, père et mère de la défunte, lesquels se voyaient avec peine obligés de payer une dot qu’ils n’avaient pas encore livrée, et dont le terme était échu. Quoique Ambroise fût généreux et qu’il n’eût pas même songé à exiger le paiement de la dot de sa femme, il ne put se résoudre à renoncer à un