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le vieux cévenol.

le malheur de ses peuples ! Cette voix ne lui sera point suspecte ; il rendra les droits de l’humanité à des malheureux qui en sont privés. Vous jouirez à la fois, et du plaisir de ne plus prononcer de jugements iniques, et de la gloire d’avoir contribué au bonheur de l’État[1]. Je vois, messieurs, que j’ai été bien trompé, lorsque j’ai jugé de ma patrie d’après les livres qui passaient la mer, et que je lisais à Londres. Tant de philosophie et d’humanité dans les discours m’avait persuadé que j’en trouverais dans les actions, et cependant je vois que les protestants sont toujours sujets à des lois impitoyables. » — « De quoi vous plaignez-vous ? » lui dit en l’interrompant un vieillard très sanguin, qui était assis vis-à-vis de lui ; « on nous rebat sans cesse les oreilles de la sévérité des lois pénales ; cependant on sait bien qu’elles ne sont pas toutes exécutées, et que les juges, trop indulgents, les laissent dormir. Il est vrai que de

  1. Le vœu d’Ambroise Borély n’a été accompli qu’au bout de cinquante ans, parce que les esprits restent longtemps à se former, et qu’ils ont été occupés de beaucoup d’affaires plus importantes que celle-ci. Sur la motion du sage et vertueux M. Robert de Saint-Vincent, le Parlement de Paris a supplié le roi de pourvoir aux mariages et à l’état civil des protestants de France.

    (Pendant le cours de l’impression de cet ouvrage, les ministres vertueux auxquels Louis XVI a donné sa confiance ont enfin rempli les vœux d’Ambroise, ceux de tous les hommes sensibles et des citoyens éclairés.)