Aller au contenu

Page:Rabaut - Le vieux Cévenol, 1886.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
le vieux cévenol.

enferma dans des couvents de villes éloignées, où ils furent si bien instruits, si dûment catéchisés, si régulièrement fustigés, que l’on espéra que dans quelques années on en ferait de bons catholiques. Il est vrai qu’au sortir du couvent, ils s’enfuirent dans les pays étrangers ; mais, au moins, on avait fait ce qu’on avait pu, et l’on n’avait rien à se reprocher.

Cependant la veuve désolée de l’infortuné Hyacinthe Borély mangeait un pain de larmes et gémissait, nuit et jour, sur la perte de ses enfants. Elle était réduite, dans un galetas, à quelques mauvais meubles ; son unique consolation était de voir Ambroise, qui lui donnait tout le temps que ses occupations lui laissaient. Un nouveau chagrin vint lui percer le cœur. Elle avait, parmi ses enfants, un petit garçon d’une très jolie figure : on le nommait Benjamin ; et, comme le fils de Jacob, il était extrêmement aimé de ses parents. Cet enfant n’avait que sept ans et demi ; il avait été enlevé comme les autres, et mis dans un couvent, à deux lieues de là. Upokritès forma le merveilleux projet de l’engager à embrasser la

    au monde de plus cher, osent, dans l’excès du plus cruel désespoir, hasarder quelques vaines tentatives pour sauver ces précieux objets de leur tendresse et les conserver à leur amour. Aussi ces enlèvements firent tant de bruits, et jetèrent une si grande consternation et une si vive alarme dans tous les cantons, que plus de mille familles se réfugièrent alors en Angleterre, et y emportèrent ce qu’ils purent ramasser d’effets et d’argent.