dre. » — « Mais, mon ami, il est la partie intéressée : il faut bien qu’il le sache. » — « Ah ! sans doute, il le saura, mais quand tout sera fait, quand il ne sera plus le maître de s’y opposer, quand je pourrai le forcer à consentir à des sacrifices qu’il ne permettrait jamais, si je le consultais. »
Le notaire crut avoir affaire au plus scélérat ou au plus fou des hommes, et ce ne fut qu’après d’assez longs éclaircissements qu’il parvint à comprendre les intentions d’Ambroise. Il ne put s’empêcher d’admirer le bon cœur du jeune homme ; il lui promit de passer le contrat de vente dès qu’il lui aurait remis la permission. « Quelle permission ? » lui dit Ambroise ; « je suis majeur, mon père n’est plus, et je ne suis que trop libre. » — « N’êtes-vous pas protestant ? » — « Oui, monsieur, je le suis. Mais qu’a cela de commun avec les sacrifices que je veux faire à mon oncle ? » « C’est que vous ne pouvez disposer de vos biens sans une permission de Monseigneur l’intendant, pour la somme de 3,000 livres, et de la Cour pour les sommes au-dessus[1]. Ainsi, votre domaine étant de la valeur de 4 ou 5,000 livres, il faut vous adresser à M. le subdélégué, qui écrira à Monseigneur
- ↑ Déclaration du roi, du 5 mai 1699. On l’a renouvelée soigneusement tous les trois ans jusqu’à l’année 1784. C’est la seule loi contre les protestants qui ait été supprimée.