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nouveaux embarras d’ambroise.

l’intendant, qui répondra à M. le subdélégué, qui vous communiquera la réponse ; et vous saurez alors si vous êtes le maître de disposer de ce qui est à vous. Il est vrai qu’avant ce temps-là votre oncle sera mort, selon les apparences. Il peut arriver encore que si M. le subdélégué n’est pas de vos amis, ses rapports ne vous seront pas avantageux, ou que vos parents, pour vous empêcher d’aliéner un bien sur lequel ils ont jeté leur dévolu, écriront des lettres anonymes pour vous noircir. Il peut arriver beaucoup d’autres choses encore ; mais ce sont là de petits inconvénients que le citoyen doit souffrir avec patience, à cause du grand bien et de l’honneur qu’en retire l’État. Car vous comprenez, mon cher Ambroise, que lorsque les citoyens sont ainsi gênés dans leurs affaires, ils les font infiniment mieux, et que le bonheur d’un empire consiste en ce que les sujets soient bien persuadés que la possession libre de leurs biens n’est qu’une chimère. »

Le notaire allait parler très longuement, selon sa coutume, quand il s’aperçut que le pauvre Ambroise fondait en larmes, faisant mille exclamations sur la perte de son oncle qu’il pleurait déjà comme mort. Il le consola du mieux qu’il put ; il le fit même avec succès, car le cœur des malheureux est toujours ouvert à l’espérance. Ambroise se décida à voir M. le subdélégué, qui demeurait à 4 lieues de là. Arrivé chez lui, il apprend que