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le vieux cévenol.

trie, doit être bien convaincu qu’il travaille pour lui et pour ses enfants ; elle dérange une multitude de familles qui, en vendant à propos une partie de leurs biens, sauveraient l’autre du naufrage. Au reste, mon ami, » continua l’avocat, « je sais un moyen de vendre votre bien ; mais il est long et il vous en coûtera beaucoup. » — « N’importe, n’importe, » s’écria tout à coup Ambroise ; « pourvu que j’aie 1,000 livres de reste pour payer l’amende de mon oncle et ses frais, je suis content. » Il insista si fortement auprès de l’avocat, que celui-ci consentit à tout ce que voulait son client. On feignit 3 ou 4,000 livres de dettes de la part d’Ambroise ; on poursuivit un décret qui en coûta d’abord 2 ou 300, et le domaine d’Ambroise se vendit à bas prix comme un bien décrété ; en sorte que, lorsqu’il eut payé l’amende, les frais de justice, les procureurs et les huissiers, il ne lui resta plus rien ; mais il avait son oncle, et c’était tout pour lui. On emporta hors de la prison le pauvre Jérôme Borély qui, outre les maux qu’il avait en y entrant, avait gagné un rhumatisme dont il fut tourmenté pendant tout le reste de sa vie.