Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/18

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maud, de Vaugaudry, sans laisser arrière le Coudray/ Monpensier/ le Gué de Vède & aultres voisins : tous bons beveurs, bons compaignons, & beaux ioueurs de quillela. Le bon homme Grandgousier y prenoit plaisir bien grand, & commendoit que tout allast par escuelles. Disoit toutesfoys à sa femme, qu’elle en mangeast le moins, veu qu’elle aprochoit de son terme, & que ceste tripaille n’estoit viande moult louable. Celluy (disoit il) a grande envie de mascher merde, qui d’icelle le sac mangeve. Non obstant ces remontrances, elle en mangea sèze muiz/ deux bussars/ et six tepins ô, belle matière fecale, que doivoit boursoufler en elle. Après disner tous allèrent (pelle/melle) à la saulaie : & là sus l’herbe drue dancèrent au son des ioyeux flageolletz, et doulces cornemuses : tant baudement, que c’estoit passetemps celeste les veoir anisi soy riguoller. Puis entrèrent en propos de ressieuner on propre lieu. Lors flaccons d’aller, goubeletz de voler, breusses de tinter. Tire, baille, tourne, brouille. Boutte à moy, sans eau, ainsi mon ami : fouette moi ce verre gualentement, produiz moi du clairet, verre pleurant. Treves de soif, ha faulce fiebvre ne t’en iras tu pas : Par ma foy ma commère ie ne peuz entrer en bette. Vous estez morfondue m’amie. Voire. Ventre sainct Quenet parlons de boire. Ceste main vous guaste le nez. Ô, quants aultres y entreront, avant que cestuy cy en sor-