Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/28

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feuverie, guarniz de fins diamens, fins rubiz, fines turquoises, fines esmeraugdes, & unions Persicques, vous l’eussiez comparée à une belle corne d’abondance, telles que voyez es antiquailles, & telle que donna Rhea, es deux nymphes Adrastea, & Ida nourrices de Iuppiter. Tousiours gualante, succulente, resudante, tousiours verdoyante, tousiours fleurissante, tousiours fructifiante, plene d’humeurs, plene de fleurs, plene de fruictz, plene de toutes delices. Ie advoue dieu s’il ne la faisoyt bon veoyr. Mais ie vous en exposeray bien dadvantaige en livre que iay faict De la dignité des braguettes. D’un cas vous advertis, que si elle estoit bien longue & bien ample, si estoyt elle bien guarnie au dedans & bien avitaillée, en riens ne ressemblant les hypocrificques braguettes d’un tas de muguetz, qui ne sont plenes que de vent, au grant interest du sexe feminin.

Pour les souliers furent leveez quatre cens six aulnes de velours bleu cramoysi, & furent deschicquetez à barbe d’escrevisse bien mignonnement. Pour la quarreleure d’yceulx furent employez unze cens peaulx de vache brune, taillée à queue de merluz.

Pour son saye furent leveez dix & huyct cens aulnes de velours bleu tainct en grene, brodé à l’entour de belles vignettes & par le mylieu de pinthes d’argent de ca-