Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/46

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gantua feist responce, qu’il y avoit donné tel ordre, qu’en tout le pays n’estoyt guarson plus nect que luy. Comment cela ? (dist Grantgousier.) Iay (respondit Gargantua) par longue & curieuse experience inventé un moyen de me torcher le cul, le plus royal, le plus seigneurial, le plus excellent, le plus expedient, que iamais feut veu. Quel ? dist Grantgouzier. Comme vous le raconteray (dist Gargantua) presentement. Ie me torchay une foys d’un cachelet de velours de voz damoiselles : & le trouvay bon : car la mollice de la soye me causoyt au fondement une volupté bien grande. Une aultre foys d’un chapron d’ycelles, & feut de mesmes. Une autre foys d’un cachecoul, une aultrefoys des aureilles de satin cramoysi : mais la doreure d’un tas de spheres de merde qui y estoient, m’escorchèrent tout le darrière, que le feu sainct Antoyne arde le boyau cullier de l’orfebvre qui les feist : et de la damoiselle, qui les portoyt. Ce mal passa me torchant d’un bonnet de paige bien emplumé à la Souice. Puis fiantant darrière un buisson, trouvay un chat de Mars. D’icelluy me torchay, mais ses gryphes me exulcèrent tout le perinée. De ce me gueryz au lendemain me torchant des guands de ma mère bien parfumez de mauioin. Puis me torchay de Saulge, de Fenoil, de Aneth, de Mariolaine, de roses, de fueilles de Cour-