Page:Rabelais - Gargantua, Juste, Lyon, 1535.djvu/53

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Comment Gargantua fut mys
soubz aultres pedaguoges. xxxxx
Chapi. xiiii.

Vignette 53
Vignette 53

Tant son père aperceut, que vrayment il estudioyt tresbien et y mettoit tout son temps, toutesfoys qu’en rien ne prouffitoyt. Et que pys est, qu’il en devenoyt fou niays tout resveux et rassoté. Dequoy se complaignant à don Philippe des Marays Viceroy de Papelygoffe entendit, que mieulx luy vauldroit rien n’aprendre que telz livres soubz telz precepteurs aprendre. Car leur sçavoir n’estoyt que besterye, et leur sapience n’estoyt que moufles, abastardisant les bons et nobles esperitz, et corrumpent toute fleur de ieunesse. Et qu’ainsy soyt, prenez (dist il) quelqu’un de ces ieunes gens du temps present, qui ayt seulement estudié deux ans, on cas qu’il ne ayt meilleur iugement, meilleurs parolles, meilleur propos que vostre filz, et meilleur entrestien et honesteté entre le monde, reputez moy à iamais en taillebacon de la Brene. Ce que à Grantgosier pleut tresbien, et commenda qu’ainsi feut faict. Au soir en soupant, ledict des Marays introduict un sien ieune paige de Villegongys nommé Eudemon tant bien testonné, tant bien tyré, tant bien espousseté, tant honneste en son maintien, que mieulx resembloyt quelque pe-